N’ayant plus suivi de religion depuis l’âge de mes 18 ans, j’ai toujours éprouvé une grande curiosité et un grand intérêt pour le bouddhisme. Les enseignements du Bouddha peuvent être résumés à travers quatre nobles vérités :

  • La vérité de la souffrance : cette dernière est courante dans notre vie quotidienne (naissance, maladie, mort, douleur émotionnelle…). Qui peut dire qu’il a vécu sans jamais souffrir ?
  • Identifier l’origine de la souffrance : les actes négatifs, les poisons mentaux, la colère, la haine…
  • La cessation de la souffrance: transformer la peur en amour, la colère en paix intérieure …
  • Se libérer des causes de la souffrance : la voie, les méthodes …

Le bouddhisme tibétain est une forme de bouddhisme pratiquée principalement au Tibet, au Népal, en Inde, au Boutan et dans certaines régions de Mongolie. Tout à fait ce qu’il me fallait ! C’est donc en faisant des recherches sur internet que j’ai appris qu’il existait un groupe bouddhiste à la Réunion. Située dans le sud de l’île, l’association a été fondée par Do Khyentsé Rinpoché, maître tibétain de la lignée Nyingmapa.

Il existe 4 grandes écoles ou 4 lignées :

  • 1. La lignée Nyingmapa : C’est la plus ancienne des écoles, fondée au 8ème siècle par le maître indien Padmasambhava, également connu sous le nom de Guru Rinpoche.
  • 2. La lignée Kagyupa : Fondée au 11ème siècle, l’école Kagyu se concentre sur la transmission directe des enseignements de maître à disciple. Un de ces maîtres accomplis est Milarepa, connu pour sa vie d’acète et ses réalisations spirituelles.
  • 3. La lignée Sakyapa : Fondée au 11ème siècle par Khön Könchok Gyalpo, l’école Sakya est connue pour son approche intellectuelle et ses enseignements philosophiques. Elle met l’accent sur l’étude des textes et la pratique des rituels.
  • 4. La lignée Gelugpa : Fondée au 15ème siècle par Tsongkhapa, l’école Gelug est souvent appelée l’école des « moines » en raison de son organisation monastique stricte. Elle met l’accent sur l’étude des textes, la discipline monastique et la pratique de la méditation. Le Dalaï Lama est le chef spirituel de cette école, qui est devenue l’une des plus influentes au Tibet.

Chacune de ces écoles a ses propres pratiques, rituels et enseignements, mais elles partagent toutes les fondements du bouddhisme et l’objectif commun d’atteindre l’éveil. Après quelques recherches, j’ai donc décidé de me rendre sur place afin de participer à un atelier proposé : la création d’un tsa-tsa*

Objets sacrés, les tsa-tsa sont des petites moulures en argile ou en terre cuite qui contiennent un pouvoir spirituel. Ils sont vénérés comme des symboles de dévotion et de protection dans la spiritualité bouddhiste. On peut les poser à certains endroits afin de pacifier, protéger et bénir l’espace. Pour visualiser une vidéo de démonstration, cliquer ici

Ce même jour, j’ai également assisté à un enseignement proposé par le maitre spirituel* que l’on appelle « Rinpoché » .

Guru ou guide, c’est un être éveillé qui est au service des autres, s’adaptant à chacun, il est un véritable accompagnant sur notre chemin spirituel.
Le maître spirituel transmet une énergie correspondant à notre propre niveau de réalisation spirituelle, en fonction de nos degrés d’ouverture, d’abandon, on reçoit.
Ayant lui-même fait un travail sur lui, acquis de nombreuses connaissances et sagesse et ayant suffisamment incarné sa propre lumière, il est apte à pouvoir nous conseiller et nous guider.
De par son expérience et son esprit avisé, il aide chacun de ses disciples à se rendre compte des pièges et obstacles posés sur son parcours. Il a la capacité, au moyen de diverses techniques et outils, de les aider à les dépasser.
Dans le bouddhisme, le maître a un rôle clé et une place très importante, principale même, car sans lui nous risquons d’avancer dans le noir sans savoir dans quelle direction nous orienter.
J’ai pour cet être rempli de compassion un immense respect et une grande dévotion.

En entrant dans le lieu de culte, je suis restée stupéfaite devant le décor : plein de couleurs, des fleurs, une bonne odeur d’encens, de la nourriture posée sur un autel, des tableaux représentant les différentes divinités et les grands maîtres de cette lignée. Tout cela rendait le lieu très accueillant et je me suis sentie totalement envahie par une émotion de joie ! Un sentiment de connaitre le lieu et de redécouvrir des pratiques oubliées.

Ce moment a vraiment été un moment décisif et un point de départ dans ma quête et mon désir de trouver des réponses à mes questions. À cette époque, les pratiques et rituels se faisaient dans une grande maison mise à la disposition de l’association, puis en 2019, comme le souhaitait Rinpoché et sous sa direction, un magnifique temple a vu le jour et a pu être inauguré.

J’ai eu la chance d’être présente sur toute cette période et de participer aux travaux. Je passais tout mon temps libre entre la peinture, le nettoyage, le ponçage, le jardinage…

De très belles âmes venaient à ma rencontre et c’est comme cela que j’ai pu intégrer la Sangha ou communauté spirituelle. Chacun d’entre nous était désireux de suivre l’exemple de notre maître et de mettre en pratique ses enseignements. En arrivant au temple, on se sent toujours joyeux et ravi d’être là. On essaie de donner le meilleur de nous-mêmes et de faire preuve de gentillesse et de patience les uns envers les autres.

Étant tous encore pris par notre vie, notre famille, notre travail et nos états d’âme, le temple devient comme un refuge, un lieu de déconnexion qui nous permet de retrouver notre paix et notre joie intérieure. Pendant plusieurs années, j’ai bénéficié des enseignements de Rinpoché. J’ai pratiqué plusieurs méditations, suivi différents rituels de prières, de protections et de purifications, participé aux sorties, aux évènements et aux diverses activités proposées. J’ai également lu beaucoup de textes et d’ouvrages bouddhistes, la biographie de plusieurs grands maîtres et cela m’a permis d’élargir mes connaissances.

Les animaux

« Les créatures qui habitent cette terre, qu’il s’agisse d’êtres humains ou d’animaux, sont ici pour contribuer, chacune à sa manière, à la beauté et à la prospérité du monde. »  ~ Le 14e Dalaï Lama

Le bouddhisme a aussi modifié mon regard et mon approche envers les animaux. L’animal est considéré comme un être sensible qui, comme les humains, souhaite éviter la souffrance et trouver le bonheur. J’ai appris à développer une grande compassion et bienveillance à leur égard. Les animaux peuvent être, si l’on prend le temps de les côtoyer et de les observer, des exemples à suivre.

Rinpoché donne régulièrement des enseignements sur ce sujet, il est lui-même très sensible quant au sort souvent très cruel qui leur est réservé. Il nous invite à participer à des actions afin de leur venir en aide. Par exemple, il pouvait aller au marché et décider d’acheter des poules en cage ou des animaux voués à la mort pour leur offrir la liberté.

Le karma

Au départ, très remontée contre la vie, et mon sentiment d’injustice grandissant, la notion du karma qui signifie « acte » a eu un impact très fort sur moi. Le bouddhisme envisage la vie comme un cycle d’existences successives se poursuivant éternellement, à travers la vie et la mort, et régi par la causalité. Ainsi, les événements qui apparaissent au présent sont les effets d’actes posés dans nos vies passées. Plus important, les actes que l’on pose maintenant créent des causes qui déterminent nos circonstances futures.

Cette approche dans laquelle je ne me pose plus en victime, mais où j’assume la responsabilité de ma vie, a tout de suite fait écho en moi. Donc, ce n’était pas que j’étais moins aimée, non pas que j’avais moins de valeur, non pas que ce Dieu, s’il existait, avait décidé de détourner son regard, mais bien que je gérais moi-même la mise en scène de ma vie !

Il n’y avait donc aucune injustice, aucun acharnement ni punition mais tout simplement le résultat de mes propres choix, décisions, des enseignements non acquis, des situations de vies antérieures bloquées. Alors quelle révélation et quelle libération ! J’ai ainsi reçu ma première réponse, et pas des moindres !

La méditation

« La méditation est au cœur de la pratique bouddhiste », comme précisé sur le site de l’association.
Les méditations ne se font pas toujours de façon silencieuse, mais assis sur le sol avec un petit coussin. Nous tenons d’une main ce que l’on appelle un mala* et de l’autre un moulin à prières*. Sous la guidance de Rinpoché, nous faisons la récitation de ce que l’on appelle des mantras*.

Un mala, c’est un peu l’équivalent du chapelet chrétien ; mala, en tibétain, signifie « guirlande » . Le collier composé le plus souvent de 108 perles, peut être en bois ou en bien d’autres matières plus précieuses.
Le mala, est un objet indispensable pour les pratiquants du bouddhisme . Il est égrené pendant les méditations et permet de compter le nombre de mantras récités.

Un mantra

Le mot mantra peut être décomposé en deux parties : « man », qui signifie esprit, et « tra », qui signifie transport ou véhicule.
Un mantra est donc un instrument de l’esprit, un son puissant ou une vibration utilisée pour entrer dans un état profond de méditation ou d’auto-suggestion.
C’est un mot, une syllabe ou une phrase qui, répété et ressenti profondément, permet à notre esprit de se concentrer et de ne pas se perdre dans toutes les directions. Le mantra le plus connu dans le bouddhisme est sûrement « Om mani padme hum ».

Un moulin à prière est aussi un objet de rituel et fait partie intégrante de la culture bouddhiste.

On le fait tourner dans le sens des aiguilles d’une montre afin de diffuser les prières qui ont été soigneusement déposées à l’intérieur. J’ai eu la chance de fabriquer le mien, mais on peut en acheter très facilement avec des tailles et des styles différents.

Le fait de faire tourner un moulin à prières est considéré comme une forme de méditation en mouvement permettant aux pratiquants de se concentrer sur les prières ou mantras tout en effectuant un geste pieux. Il existe aussi de très gros moulins qui se trouvent à l’intérieur des temples, permettant à chaque personne qui le souhaite de les faire tourner.

Selon les croyances populaires, actionner un moulin à prière éloigne la malchance, les mauvais esprits et la maladie et apporte la paix et la prospérité.

Et, c’est ainsi que, d’une manière très subtile, petite graine par petite graine, mon état d’esprit a changé, il s’est pacifié.
Moi qui étais si remontée contre la vie, les gens, ma famille, je me surprenais à mettre mon passé au second plan, Cela prenait de moins en moins de place à l’intérieur de moi. J’étais de plus en plus calme face aux difficultés, les obstacles et événements indésirables étaient toujours présents, mais ma façon de réagir avait totalement changé.

La vie me semblait plus légère et j’ai très vite réalisé que ce changement s’opérait en moi et non à l’extérieur de moi. C’est mon regard qui avait évolué, ce qui influençait mon comportement et mes réactions. Mes enfants me trouvaient plus souriante et plus joyeuse, ils venaient plus facilement vers moi et une très belle communication s’est mise en place.

Une grande étape venait d’être franchie. Je ne remercierai jamais assez toutes ces magnifiques personnes rencontrées. Je garde toujours dans mon cœur nos échanges, nos rires, nos pleurs. Et, j’ai une immense gratitude pour mon maitre spirituel qui a été pour moi un si bel exemple d’amour, de bienveillance et de compassion. Tout ce temps passé à ses côtés a totalement changé ma vision du monde, mon état d’esprit et la direction que je donnais jusqu’à présent à ma vie. Me voilà réconciliée avec elle. Je suis remplie de gratitude et de reconnaissance chaque jour et je suis fière de moi.

Je n’en reste pas moins désireuse de continuer à avancer dans ma quête. En apprendre davantage sur moi et sur le monde visible et invisible qui m’entoure.

L’oiseau, ayant compris qu’il avait des ailes et qu’il devait s’en servir, prend son envol vers de nouveaux horizons.
L’aventure ne fait que commencer !

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